Les populations de Matam, victimes, depuis plusieurs années, descrues d’un bras du fleuve Sénégal, ne sont plus sous l’emprise deseaux. Le Programme de modernisation des villes (Promovilles) a réalisé une digue d’un linéaire de 3,775 km et d’un coût de près de 6milliards de FCfa qui a permis de décloisonner la zone et de donner plus de mobilité à ses habitants naguère en proie à des difficultés énormes.
À Nawel, un quartier de la commune de Matam, les population sont connu un calvaire dont l’origine remonte loin dans le temps. Un affluent du fleuve Sénégal quia étendu ses tentacules jusqu’aucoeur de la commune de Matam, particulièrement dans le vaste quartier de Nawel, troublait lesommeil des populations pendant l’hivernage. Les eaux pluviales provoquaient des crues du fleuve qui finissaient toujours par avoirraison de leur quiétude. Des routes et des espaces publics envahis par les eaux, des maisons en dommagées, réduisant la mobilité des habitants de ces zones qui ont souffert le martyre.
Une situation décrite par le délégué de quartier de Nawel plus impacté par le phénomène d’alors. «Nous avons vécu un calvaire avecles crues du fleuve Sénégal en période d’hivernage. Il était impossible aux véhicules de circuler dans cette zone ou de rallier lecentre-ville de Matam, ou d’allerà Ourossogui. Il fallait s’y rendre à pied ou par un grand détour», explique-t-il. Une description de la situation que partage Abdoulaye Sy, responsable des jeunes de Nawel. « Nous aménagions des pirogues de fortune pour rallier le carrefour qui mène vers Ourossogui ou le centre-ville, tellement leseaux pluviales et la crue du fleuve nous isolaient du reste de la région », se rappelle-t-il. Ce calvairea trouvé un écho favorable auprès du Gouvernement. « C’est suite àla demande des populations, coïncidant avec le programme du Gouvernement, le Plan Sénégal émergent (Pse), que nous avons entrepris de réaliser une digue qui était la solution à envisager pour régler l’impact de la crue du fleuve Sénégal pendant l’hivernage », informe Birahim Fall, chef du projet Promovilles dans la zone nord qui couvre les régions de Matam, Saint-Louis et Louga.
En juillet 2019, le projet de construction d’une digue d’un linéaire de 3,775 km est lancé et couvre une emprise de 77.500 m2. Financé à hauteur de 5,5 milliards de FCfa par la Banque islamique de développement (Bid) et parl’État du Sénégal, le projet aconnu une durée d’exécution de16 mois, selon Daouda Keïta, Directeur en charge des Travaux deréalisation de l’infrastructure. La réalisation de cet ouvrage est, dès lors, une aubaine pour les populations naguère en proieà de nombreuses difficultés. « Depuis que la digue est fonctionnelle, nous n’avons plus de problème. Les véhicules circulent librement et les populations vaquent à leurs occupations sansfaire de détour », se réjouit Abdoulaye Ndiaye, le délégué du quartier Nawel. Il a rendu un hommage au Chef de l’État, Macky Sall, pour avoir satisfait la doléance des populations de la localité et de Matam en général. Ladame Bamby Thioub, commerçante, soulignant que la digue contribue à la bonne marche des activités. Elle et ses collègues qui se rendent chaque jour à Ourossogui ne sont plus confrontées à un problème de mobilité.
Effets collatéraux
Cet ouvrage, au-delà d’avoir libéré les zones de l’emprise des eaux pluviales et de crue, a permis, selon Birahim Fall de Promovilles, de viabiliser 400 ha deterres habitables par les populations. Cela veut dire que le règlement de cette vieille doléance a des impacts réels sur la vie des occupants de ce quartier.
Seulement, la mise en oeuvre de cet ouvrage n’a pas manqué de créer des désagréments inattendus dans cette zone où laconstruction d’une bretelle d’un km a impacté sur les riverains et voisins immédiats de la nouvelle route. «Depuis que les travaux de la digue sont achevés et les eaux libérées, nous faisons face à une autre difficulté. Durant l’hivernage, les eaux de pluies inondent nos concessions et certains d’entre nous ont simplement déménagé du fait des préjudices occasionnés par le dernier hivernage », se plaint Ousmane Bâ, chef de famille impacté par les pluies de l’année 2020 et habitant à moins de 30m de la nouvelle route. Une complainte partagée par Oumar Alassane Sy même s’il salue la création de la digue et loue la vision des autorités.
Le chef de projet de Promovilles de la zone nord soutient avoir été informé et a fait le déplacement sur les lieux. « Nous avons été surle terrain pour constater la situation et avons fait un terrassement des espaces concernés pour répondre favorablement à l’appel deces familles impactées par le dernier hivernage », précise-t-il. À l’encroire, les problèmes occasionnés par les crues du fleuve en période d’hivernage sont «définitivement réglés».
Souleymane Diam SY
(Quotidien Le Soleil)